Tout ce qu’on entend ces jours-ci sur le compte de Félicien Combes est faux. Tout ce qu’on voit à la télévision, tout ce qu’émettent les radios, tout ce qui se dit dans les troquets, les salons, les chambres à coucher ; tout ce que l’on a écrit et imprimé, d’abord dans l’intention de vendre du papier, à présent dans l’urgence des derniers jours ; les vérités à son sujet que l’on ne pouvait avaler et qui à présent soutiennent les âmes affolées ; son histoire, ses intentions, les raisons de sa présence sur Terre : tout cela est faux.
Son nom court sur vos langues. Son visage vous est devenu familier. Certains d’entre vous prétendent le connaître, le comprendre, tandis que d’autres rêvent de lui, voudraient l’étrangler de leurs mains. Les plus fervents seront les plus malveillants. Les plus terrorisés mourront les premiers. Les temps sont mauvais, et plus personne ne peut le nier.
Alors, on blâme Félicien Combes. On lui baise les pieds. On loue son nom puis le maudit. On se rapproche de lui, sans savoir encore ce qu’on lui dira, ce qu’on exigera de lui maintenant qu’on le tient ; on se rapproche encore et soudain c’est la colère, la peur immense changée en colère, qui emporte, qui étouffe, et quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse encore on crache sur lui et le déteste et voudrait le tuer, le tuer, le tuer, même si l’on s’est trompé.
L’histoire en marche a entamé une course folle.
De la liberté folle que son bourreau
– c'est moi –
lui avait accordée,
mademoiselle s’est inventé
la roue,
la route, la ruée, les blés
23/11/2007
19/11/2007
Les dents cassées - intro

Plus tard, elle est prise de tremblements nerveux et me serre dans ses bras jusqu’à s’en froisser les muscles, me demande, m’appelle, n’en peux plus de m’envoyer en elle, de m’y convoquer, jusqu’à la tombée de la nuit où elle s’endort, pour une minute à peine pendant laquelle, les yeux dans la direction du boulevard périphérique multicolore je j’abîme à l’idée de ce qui m’attend. Elle se réveille. Elle a changé d’avis et me dit qu’elle est trop jeune.
Mais au matin, lorsque je suis bien réveillé, je m’aperçois qu’elle a fait ses valises, et me demande de faire les miennes. Je dis que je ne comprends pas, qu’il me faut d’abord boire un café. Elle dit :
- Tu le boiras en route.
- En route ?
- Oui. Max. J’ai réfléchi.
Elle veut tout quitter. Elle veut téléphoner à son boss pour démissionner, et déménager, et que je fasse de même. Elle se reprend. Elle me demande d’y réfléchir. Ce que j’en pense. Est-ce que je ne lui en ai pas déjà parlé ? Est-ce que je n’en ai pas envie ? (J’en rêvais. J’en avais tremblé. Les scénarios les plus inconcevables m’étaient passés par la tête.) Est-ce que ça n’était pas aussi simple que ça ? Que j’y songe, voulait-elle. Un seul pas au dehors, est-ce que je n’en étais pas capable ? Parlait-elle d’un prodige, d’un miracle ? Non. Seulement ça. Je pensais : l’acte de volonté le plus simple au monde : refuser. Quitter. Elle se plante devant moi, ses valises derrière elle près de la porte. Le matin est grand, clair, et la lumière du soleil passe comme des rayons X à travers les murs, à travers nos os.
Je tremble. Mon ventre est vide, mes artères diaphanes. Mes yeux clignent et s’impriment, lents, secs, de la silhouette de Michelle. J’aurais voulu boire un café. Je prends une grande inspiration empoisonnée.
- Michelle, vas-tu m’épouser à la fin ?
Elle pousse un soupir étrange. Elle dit oui.
Nous partons.
04/11/2007
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