21/02/2008

Au passage des jours


Au passage des jours je me suis incliné :

Les ages tendres se sont endurcis.


Nos pales figures en un reflet unique apparaissent jeunes

Et nos guerres

et nos lois

et les mots terribles que nous prononçons

résonnent toujours de la légèreté du jeu


Car nous ne sommes pas entrés

Aux arènes où l’on meurt

Car rien n’est si grave à présent

Qu’on y soit attendu

Car rien ne mérite à nouveau

Qu’on y convoque le pire

Car rien ne nous pousserait vraiment

A trouver le courage

D’y être les meilleurs


Des morts sans nombre qui se taisent

Nous sommes les seuls vivants

De tous les vivants qui ont parlé

Nous sommes les plus bruyants

Des hommes debout qui ont foulé la Terre

Nous sommes les seuls présents

De toutes les âmes qui se sont évaporées

Nous sommes celles qui résistent

Des menteurs, des voleurs, des assassins repentis

Nous sommes les récidivistes

Des défunts enfouis, oubliés

Des morts sans nom additionnés ensemble

Des condamnés, des bénis, des mort-nés

Et de ceux qui ne se sont pas réveillés

Nous sommes les successeurs et les représentants


Il faut nous voir alors danser d’un pied

La main passée dans les cheveux

Insoucieux de ne rien bâtir

Avec la joie des imbéciles heureux


Tels les premiers, tels les derniers


Au passage des jours je me suis effacé

Aux ages tendres je me suis oublié

Des arènes où l’on meurt je me suis approché

Et sous mes pieds les vivants m’ont empressé

Le pays, je ne l’ai trouvé

Nulle part sinon partout.

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