14/04/2011

La mauvaise humeur

La veille, le matin même, l'humeur est égale, tranquille, à l'arrêt comme reposée. Silencieuse. En fait attentive. Fragile. Il ne faudrait pas grand chose, et d'ailleurs ce n'est rien, rien au courrier, rien dans les poches, rien dans la tête, pour que tout se mette à pencher. Alors tout est clair, oui, évidemment, tout conspire, encore, et ce n'est rien d'autre qu'une journée pourrie, quel meilleur conseil donnerait-on que de se recoucher ? Les ourlets déchirés pris dans le bout de la chaussure, les objets brisés qui ne tombaient pas avant qu'on veuille les rattraper, le mot de trop, mauvais, échappé, à celui ou à celle qui ne faisait que passer. La mauvaise humeur s'est installée. Au terme de la journée, elle est devenue confortable et nous a autorisé au mutisme, renfrogné, volontaire, convaincu, et nous a poussé au front des rides rabattues comme les plis de la couette. Elle nous accompagnera jusqu'au sommeil, aux portes duquel on se convaincra longtemps qu'il est impossible de dormir, qu'il n'y a rien à faire, trop d'idées, et d'empêchements, et de contrariétés, et nous nous serons endormis.

J'ouvre les yeux. Il pourrait arriver n'importe quoi mais ce ne sera pas forcément aujourd'hui.

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